Pelouses d’Angles (Vienne) – Fiche site

Pelouses d'Angles-sur-Anglin, Vienne © CEN-PC
Pelouses d'Angles-sur-Anglin, Vienne © CEN-PC

Pelouses d’Angles (Vienne) – Fiche site

Paysage

Contexte paysager

Inventaire paysage Angles sur l'Anglin © CEN-PC

Inventaire paysage Angles sur l’Anglin © CEN-PC

Le site appartient à l’entité 705 « Les vallées de la Creuse, de la Gartempe et de leurs affluents ». La Vallée de l’Anglin présente des méandres encadrés, en rive convexe, de falaises hautes de 20 à 45 m, notamment sur les 15 derniers kilomètres avant la confluence avec la Gartempe. Les plateaux sont voués à une agriculture de type polyculture élevage qui a produit un paysage singulier avec ses parcelles encadrées de murets de pierres sèches. Ces espaces connaissent de profondes mutations du fait du recul de l’activité d’élevage et de la généralisation des grandes cultures céréalières et les oléo-protéagineux : agrandissement des parcelles et disparition des éléments fixes du paysage (arbres isolés, murets…) et des surfaces de cultures pérennes (prairies, vignes, vergers…).

Intérêts paysagers du site

Les caractéristiques paysagères de la basse vallée de l’Anglin ont conduit à son classement en Site Inscrit et Site Classé au titre de la loi de 1930. Par ailleurs, le village d’Angles est considéré comme l’un des plus beaux villages de France.

Bien que le site se limite à une seule parcelle, celle-ci, proposant un modelé tout à fait intéressant, créée un effet de paysage remarquable. C’est une ample ondulation s’ouvrant timidement en son fond sur une petite vallée sèche. Cette dernière reste toutefois peu lisible du fait des boisements installés sur les versants et qui en estompent le relief.

Cette prairie joue un rôle de transition paysagère entre les boisements du domaine des Certeaux et le bourg d’Angles-sur-l’Anglin. À proximité des habitations, elle témoigne des pratiques agricoles passées et constitue un écrin de qualité pour les ruines du château surplombant la vallée de l’Anglin, situées non loin. La parcelle est entourée d’un chemin forestier bordé de part et d’autre de murets. Il permet de descendre dans le fond de vallée et de rejoindre le bourg.

Ambiances

Le sentiment qui domine est celui de sembler se trouver hors du temps. Certes, l’approche du site par la vallée, le château et enfin le village, aussi magnifiques les uns que les autres, n’y est guère étrangère. Mais les éléments de composition simples autour de cette prairie tels que les petits murets, les boisements, dont quelques très belles silhouettes de chênes ou d’érables, mais aussi et surtout, le calme, sont particulièrement appréciables. Avec la venue des fleurs de printemps puis d’été, ce sont de discrets mais multiples éclats de lumières et de couleurs qui, dans cette « chambre de verdure », engendrent à chaque fois l’émerveillement.

Patrimoine naturel

Milieux naturels

Le site abrite peu d’habitats du fait de sa faible superficie : les pelouses calcicoles présentant des faciès secs à très secs, avec la présence çà et là de taches d’orpins colonisant les zones où affleure la roche calcaire. En lisière de la parcelle se développe une chênaie blanche.

Les pelouses sèches sont aujourd’hui les derniers témoins, avec les murets de pierres sèches, d’une économie paysanne intégrant des  parcours de pâturage par les troupeaux de brebis ou de chèvres. Cette activité a fortement marqué le paysage des vallées sèches et des coteaux. Aujourd’hui, les surfaces de pelouses ont fortement régressées suite à la disparition du pastoralisme itinérant entraînant la reprise de la dynamique végétale, la destruction des pelouses les moins accidentées (mise en culture, urbanisation).

Pivoine © CEN-PC

Pivoine © CEN-PC

Faune, Flore, Géologie

Les inventaires botaniques ont mis en évidence la présence de 106 espèces végétales. Malgré sa petite taille, le site possède une forte valeur patrimoniale du point de vue floristique : il s’agit de l’une des rares stations régionales et même françaises de la Pivoine mâle (20 à 25 stations connues en France de cette espèce protégée). En Poitou-Charentes, les populations sont soit indigènes soit anciennement naturalisée à partir de graines ou de plants prélevés dans la nature. Parmi les 6 espèces d’orchidées recensées figure l’Orchis singe qui bénéficie d’une protection régionale. Trois autres espèces inscrites sur des listes de référence régionale ont également été inventoriées : la Gesse à fruits ronds, le Laurier des bois et l’Orpin rougeâtre.

Les inventaires faunistiques ont mis en évidence une entomofaune remarquable : 5 espèces de papillons rares et menacés en Poitou-Charentes dont une protégée au plan national (l’Azuré du Serpolet) et 2 criquets rares en Poitou-Charentes (Criquet des jachères et le Méconème fragile). Par ailleurs, la lisière forestière est une zone de chasse potentielle des chiroptères ayant leurs gîtes d’hivernage et de

Azuré du serpolet © CEN-PC

Azuré du serpolet © CEN-PC

reproduction sur le Val d’Anglin (15 espèces inscrites sur les annexes 2 et 4 de la Directive Habitats-Faune-Flore).

Gestion, sensibilisation

Objectifs de gestion

Les objectifs prioritaires visés sont le maintien en bon état de conservation des habitats de pelouses sèches et la préservation des stations botaniques d’espèces patrimoniales.

Modalités de gestion

  • Entretien des pelouses sèches par fauche annuelle tardive (après le 20 septembre) pour permettre aux espèces de réaliser leur cycle biologique complet.
  • Entretien doux des lisières forestières par débroussaillage sélectif pour éviter la fermeture des stations botaniques.