Landes de Sainte-Marie (Vienne) – Fiche site

Landes de Sainte-Marie, Vienne © CEN-PC
Landes de Sainte-Marie, Vienne © CEN-PC

Landes de Sainte-Marie (Vienne) – Fiche site

Intérêts historiques du site

Le paysage du Montmorillonnais, et donc du site des Landes de Sainte-Marie, est un produit complexe hérité non seulement des fonctionnements des milieux eux-mêmes, mais également de pratiques économiques et sociales. Il témoigne de l’évolution des systèmes agraires du Poitou depuis des siècles. En effet, trois entités spatiales sont présentes : l’ager, qui témoigne de l’occupation romaine du IIe siècle avant JC au IIe siècle après JC, et qui marque une structuration et une homogénéisation de l’espace cultivé ; le saltus et la sylva qui témoignent des invasions barbares durant le première partie du Moyen-Âge (du IIe au XIe siècle) et qui marque l’abandon de territoires et la formation d’espaces naturels (saltus) où pâturent les animaux ce qui fournit le fumier pour les cultures, et de forêts secondaires (sylva).

Le terme des brandes signifie en vieux français « brûler » et désigne le tison en allemand (das Brand). L’existence de cette formation remonte au XVIIe siècle suite à la surexploitation de la forêt pour alimenter en combustible les forges à minerai de fer du secteur. Cette surexploitation a appauvri le sol déjà pauvre et devenu difficilement cultivable. Les brandes se sont alors développées. Elles étaient utilisées comme combustible, comme fourrage « pour les pauvres paysans » et constituaient le toit des habitations. Au XIXe siècle avec la modernisation de l’agriculture, des essais de mise en culture ont été entrepris avec des amendements, mais ceux-ci ont tous échoué. Des haies ont été plantées surtout dans les vallées et l’élevage ovin dominait toujours.

Les Landes de Sainte-Marie sont l’un des derniers vestiges de brandes du Poitou qui recouvraient une part importante du sud de la Vienne avec près de 80 000 ha à la fin du XIXe siècle. Aujourd’hui, avec les défrichements, l’enrésinement, l’augmentation des surfaces agricoles et l’abandon des incendies volontaires qui les régénéraient, il ne subsiste que 5 000 ha dont l’un des plus gros massifs est celui des « Brandes de Montmorillon » composés du terrain militaire de Montmorillon et des Landes de Sainte-Marie. Les Brandes du Montmorillonnais sont connues pour avoir hébergées le loup. Au dire des locaux, le dernier d’entre eux fut tiré en juillet 1914, mais on le perdit dans les brandes vers Montmorillon et personne ne retrouva sa dépouille.

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Paysage

Contexte paysager

Inventaire paysage Landes Sainte-Marie © CEN-PC

Inventaire paysage Landes Sainte-Marie © CEN-PC

Les Landes de Sainte-Marie se situent à proximité d’une entité paysagère singulière appelée « Brandes du Poitou » (entité 902) dans l’atlas des paysages de Poitou-Charentes. Cette entité est comprise entre deux vastes entités paysagères de la Vienne : les « terres de brandes » (entité 202) et les « Terres froides » (entité 306). Ce paysage d’organisation complexe est composé de bois, de brandes et d’étangs. Il ne renvoie à aucune autre composition existante, tout du moins sur un territoire aussi vaste, et ne correspond de ce fait à aucun autre type de paysage contemporain. Les brandes du Poitou occupent un plateau dont l’altitude varie entre 130 à 150 mètres. Aucune vallée ne marque le relief, excepté les vallées du Salleron et d’Allochon, qui restent très peu visibles de par la présence de boisements.

Intérêts paysagers du site

Ce secteur présente un intérêt particulier par la mosaïque de milieux variés naturels comme les étangs, les mares tourbeuses, les friches à ajoncs et prunelliers, la brande à Bruyère à balais, les forêts de chênes,… ce qui permet une grande diversité végétale et animale. Les prairies fauchées ou pâturées contribuent à la diversité paysagère générale de même que le maillage encore discret des cultures céréalières.

Comme tout secteur de brandes, le site des Landes de Sainte-Marie est représentatif d’un paysage oublié et porteur d’une mémoire spécifique. S’étendant sur près de 90 hectares, il constitue un ensemble paysager complexe et varié, relativement difficile à appréhender. Au sein même des brandes, la présence ou non de ligneux ainsi que les différents modes de gestion font apparaître des hétérogénéités, à l’origine de multiples ambiances.

Landes de Sainte-Marie © CEN-PC

Landes de Sainte-Marie © CEN-PC

Ambiances

Les brandes denses, devenant parfois même étouffantes lorsqu’elles sont anciennes, laissent place à des espaces ouverts où la bruyère vient d’être récoltée. L’aspect « sauvage » et « naturel » du site est partout agrémenté par les jeux de couleurs et de matières qu’offre la végétation (genêts, bruyères, herbacées…).

Sur le site, les zones de brandes côtoient prairies, bois, mares et cultures. Ces espaces voisins, dont les traits semblent plus immédiatement et plus évidemment saisissables, permettent par contraste de mieux comprendre et apprécier la dynamique du milieu. Quelques secteurs ressortent pour leur grande qualité paysagère, certains apparaissant comme des micro-paysages. C’est le cas pour quelques zones humides où l’atmosphère est particulièrement intime, ou pour un alignement de chênes majestueux qui accueillent le visiteur sur l’un des accès au site.

Patrimoine naturel

Milieux naturels

Bruyère à balais © CEN-PC

Bruyère à balais © CEN-PC

Les Landes de Sainte-Marie présentent un ensemble très diversifié de milieux se développant sur des sols pauvres argilo-sableux où prédominent les landes à Bruyère à balais (Brandes du Poitou), en mosaïque avec les landes sèches et les landes humides, accompagnées de 15 autres habitats, qui offrent une grande richesse écologique.

On retrouve sur le site les trois types de landes atlantiques : les landes sèches caractérisées par la Callune (Calluna vulgaris) et la Bruyère cendrée Erica cinerea, les landes mésophiles dominées par la bruyère à balais (Erica scoparia) ou « Brandes » et les landes humides caractérisées par la présence de Bruyère à quatre angles (Erica tetralix). Les landes mésophiles sont les plus étendues sur le site.

Faune, Flore, Géologie

Les Landes de Sainte-Marie présentent une grande diversité d’habitats permettant ainsi le développement d’une végétation d’une richesse exceptionnelle, caractéristique des landes du sud-ouest de l’Europe parmi lesquelles plusieurs sont très rares en Poitou-Charentes. On notera la présence de 19 plantes remarquables dont 4 sont protégées (1 au niveau national et 3 au niveau régional), 10 autres espèces sont inscrites à la liste rouge régionale et 4 autres sont déterminantes pour la désignation des ZNIEFF dans le département de la Vienne, comme l’isoète épineux (Isoetes histrix) l’Hélianthème en ombelle (Halimium umbellatum), la Phalangère à fleur de lys (Anthericum liliago) ou le Glaïeul d’Illyrie (Gladiolus illyricus). Ces espèces, accompagnant le cortège des plantes caractéristiques des landes, contribuent à former des associations végétales très originales et d’un haut intérêt patrimonial.

Le site présente une faune remarquable avec plusieurs espèces d’oiseaux d’intérêt communautaire comme l’Engoulevent d’Europe (Caprimulgus europaeus), le Busard Saint-Martin (Circus cyaneus) ou la Fauvette Pitchou (Sylvia undata), qui trouvent, au sein de cette grande diversité de milieux, la quiétude et les habitats nécessaires à leur nidification.

La présence d’un étang et de nombreuses mares et ornières sur le site offre de nombreuses zones de reproduction pour un peuplement diversifié d’amphibiens (Triton marbré, Crapaud calamite…). Le site est également favorables à la reproduction des reptiles (Cistude d’Europe) ainsi que pour plusieurs espèces rares de papillons, comme le Cuivré des marais (Lycaena dispar) et le Damier de la Succise (Euphydryas aurinia). De plus, le site est reconnu comme étant un haut lieu de la reproduction des cervidés et des sangliers.

Crapaud calamite © CEN-PC

Crapaud calamite © CEN-PC

Gestion, sensibilisation

Objectifs de gestion

Les objectifs prioritaires visés sont le maintien ou l’amélioration du bon état de conservation des habitats naturels patrimoniaux (landes, prairies) et des habitats des espèces animales et végétales.

  • Préserver les habitats de landes et les espèces associées.
  • Préserver les habitats prairiaux et les espèces associées.
  • Préserver les habitats aquatiques et les espèces associées.
  • Diversifier les boisements du site.
  • Valoriser le site.

Modalités de gestion

Ces objectifs se traduisent par les actions suivantes :

  • Restauration des landes : coupe ou broyage de rajeunissement des bruyères et ajoncs, coupe des ligneux colonisateurs (chênes, pins…), entretien par brûlis dirigé, exportation des produits de coupe pour améliorer limiter les apports fertilisants.
  • Libre évolution des boisements (pas d’intervention pour augmenter le degré de naturalité et favoriser les chauves-souris et les insectes).
  • Entretien des prairies naturelles par pâturage ovin en partenariat avec un éleveur local.
Landes de Sainte-Marie pâturage © CEN-PC

Landes de Sainte-Marie pâturage © CEN-PC