Marais de La Garette (Deux-Sèvres) La lettre

Marais de La Garette (Deux-Sèvres) La lettre

Édito

Depuis 1995, le Conservatoire d’espaces naturels (CEN) intervient avec le Parc Naturel Régional du Marais Poitevin (PNR), pour assurer la préservation de sites stratégiques. D’importance majeure au regard de leur intérêt écologique, paysager, mais également hydraulique, ces espaces de marais mouillés bocagers, marais estuariens ou tourbières alcalines constituent des maillons essentiels de la trame verte et bleue.

Pour pouvoir assurer durablement la préservation de ces sites et engager les travaux de restauration, d’aménagement et de gestion nécessaires, le Conservatoire réalise des acquisitions à l’amiable en lien avec la Safer et en partenariat avec les communes et les acteurs locaux.

Suite à des premières acquisitions initiées fin des années quatre-vingt-dix sur des sites « test » tel que le Marais de Saint-Georges de Rex-Amuré, un programme plus ambitieux d’acquisition et de gestion de sites a été lancé en 2005 afin de contribuer à la mise en œuvre du Plan Gouvernemental pour le Marais Poitevin et du Document d’Objectifs Natura 2000.

Le Marais de la Garette est l’un des 14 sites de ce programme. La préservation de ce marais inaccessible par voie de terre passe nécessairement par le maintien de l’élevage. Les agriculteurs, regroupés au sein de l’association des éleveurs par bateau, le PNR et le Conservatoire se sont associés pour unir leurs compétences avec le soutien financier de l’Union européenne, l’État, la Région Nouvelle Aquitaine, le Département des Deux-Sèvres et l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne.

Je vous invite à découvrir ce site si emblématique du Marais Poitevin et les actions mises en place pour sa préservation.

Benoit Biteau,
Président du Conservatoire d’espaces naturels de Poitou-Charentes

Au fil de l’eau

Vaste de ses 300 hectares au cœur de la Venise verte, le marais de La Garette s’étend sur les communes de Sansais et de Magné, aux portes de Coulon.
Cette zone humide bocagère bordée par la Sèvre Niortaise est caractérisée par un fort maillage hydraulique et de petites parcelles de prairies avec alignements de frênes et peupliers. Elle est intégrée au site Natura 2000 « Marais Poitevin » pour sa valeur écologique et ses intérêts paysager et scientifique lui ont valu d’être classé depuis 1981.

Ambiance paysagère

Suite à une extension du site classé en 2003 sur plus de 18 000 hectares répartis entre la Charente-Maritime, les Deux-Sèvres et la Vendée, le « Marais mouillé poitevin » s’est vu attribuer le label Grand Site de France en 2010 par le Ministère de la Transition écologique et solidaire afin de favoriser la protection et la conservation de ces paysages exceptionnels.
Ce label est une reconnaissance du travail accompli pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine maraîchin.

Accessible uniquement par ses canaux, les parcelles du marais de La Garette sont particulièrement longues et étroites. Les peupliers de pourtour guident le regard vers un fond boisé, tandis que les silhouettes des frênes têtards se reflètent dans l’eau du réseau de conches.
En approchant des habitations, le paysage donne le sentiment d’une campagne tranquille et bucolique que rien ne peut perturber.

Un écrin de biodiversité

Cette île difficile d’accès permet à au moins six habitats d’intérêt européen de prospérer et avec eux, de nombreuses espèces faunistiques et floristiques remarquables.

On peut, entre autres, observer chez les insectes le bien nommé Cuivré des marais, petit papillon orangé très rare aux ailes bordées d’un liseré noir, ou encore la Rosalie des Alpes reconnaissable à sa couleur bleue cendrée et à ses longues antennes zébrées de bleu et de noir, sans oublier la toute aussi discrète, Loutre, et de nombreux oiseaux comme le Loriot d’Europe, le Héron pourpré ou encore le Martin-pêcheur.

Quant au cortège végétal, il se révèle par la présence d’espèces déterminantes pour le département, dont la Morène, un petit nénuphar en régression depuis plus d’une vingtaine d’années, des plantes colorées comme la Populage des marais d’un jaune éclatant et la Fritillaire pintade, clochette à damiers rose, localement appelée Chaudron…

Restauration et gestion

Le caractère inaccessible du site peut aussi être un facteur de dégradation de cet espace naturel, entrainant notamment l’abandon des pratiques d’entretien. Alors, dès la fin des années 90, le Parc Naturel Régional a engagé des actions de restauration de prairies et de soutien aux éleveurs.

L’intervention du Conservatoire entreprise en 2006 a permis d’acquérir à l’amiable 65 hectares. Un Document d’Actions et de Gestion Concertée (DAGC) a été établi pour définir les objectifs et les actions à mettre en œuvre sur ce parcellaire. Il sera révisé en 2020, suite au diagnostic écologique en cours actuellement.

À ce jour, les prairies sont exploitées  par pâturage bovin par neuf éleveurs locaux, les mégaphorbiaies et roselières sont préservées dans le cadre d’un contrat de gestion Natura 2000 et les boisements sont conservés afin notamment de créer des zones refuges pour la faune.

Un patrimoine à découvrir

La Venise Verte bénéficie d’un attrait touristique très important dans la région. Une dizaine d’embarcadères au départ de Coulon, de la Repentie ou de La Garette invitent à profiter des balades en barque avec ou sans guide à travers les canaux labyrinthiques du Marais poitevin.

Une piste cyclable a aussi été aménagée pour relier Coulon à La Garette et profiter ainsi d’un cadre idyllique et relaxant dans une ambiance paysagère unique.
La Maison du Marais poitevin propose par ailleurs bon nombre d’autres activités de découverte durant la période estivale. N’hésitez pas à y faire un tour !